jeudi 8 mars 2012

Journée internationale des droits des femmes : pour une sortie programmée du machisme Modifié le 08-03-2012 à 13h20

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LE PLUS. Ce n'est pas une journée par an qui permettra d'établir une véritable égalité hommes-femmes, mais elle est une bonne occasion pour donner de la voix à cette revendication humaniste. Eva Joly, candidate EELV à l'élection présidentielle, s'en saisit.

Il y a quelques mois, des députés de l’actuelle majorité ont cru bon, sous l’influence des réseaux catholiques traditionnalistes, de lancer une croisade contre l’enseignement du genre au lycée. Alors quel est ce danger auquel seraient soumis les lycéennes et lycéens de notre pays ? Il s’agit simplement de rappeler que, comme le soulignait Simone de Beauvoir il y a plus de 60 ans, "on ne naît pas femme, on le devient".

Je rajouterais qu’on ne naît pas homme non plus. Que les choses soient claires : le gène du goût pour le rose n’existe pas, tout comme le gène du goût pour le football. Les petites filles, les petits garçons, sont progressivement contraints dans des cadres que nous leur suggérons, que nous leur imposons. Aux petites filles la douceur, la sagesse et la docilité. Aux petits garçons la vigueur, l’effervescence, l’esprit frondeur.

Filles enfants Flickr hazy.shade cc

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Peut-on accepter en 2012 que nos enfants, nos petits-enfants, nous-mêmes soyons entravés dans notre émancipation par ces cadres et ces codes désuets ? Je ne peux m’y résoudre. La société que je souhaite construire, c’est une société de femmes et d’hommes libres de leur vie et de leurs choix, égaux dans les opportunités qui s’offrent à elles et eux.

L'héritage du modèle productiviste et patriarcal

Aujourd’hui nous célébrons la 102e Journée internationale des droits des femmes. 102e ! Le combat des femmes et des féministes pour l’égalité est une lutte primordiale. Les résistances opposées à ce combat sont à la mesure de la révolution qu’il porte : celle de la libération d’un modèle social productiviste et patriarcal issu des XVIII et XIXe siècles qui imprègne encore tant nos consciences, nos habitudes et nos politiques publiques.

Pourtant, portée par le mouvement social féministe, la société a changé. Nos schémas ont évolué et les nouveaux modèles familiaux, par exemple, sont souvent des laboratoires de la réorganisation sociale. Mais au-delà des modèles et des schémas, les citoyennes et les citoyens sont aujourd’hui prêts à cette transformation féministe de la société.

Depuis quelques années, un souffle nouveau porte l’engagement pour l’égalité femmes-hommes. Une récente enquête d’opinion soulignait que 90% des Françaises et des Français considéraient cet enjeu comme important.

Pour un nouveau contrat social

Nous, écologistes, sommes les actrices et les acteurs de ces révolutions citoyennes. L’écologie que je porte est celle qui façonnera une société qui tourne le dos au modèle productiviste et patriarcal tant sur les questions économiques, financières, que sociales. Comme pour l’énergie, je souhaite porter une révolution sociétale de l’égalité femmes-hommes.

C’est pourquoi, si je suis élue présidente de la République, je créerai un ministère de l’Egalité entre les femmes et les hommes qui élaborera un nouveau contrat social. Fondé sur la garantie et l’extension des droits conquis des femmes. Déterminé à mettre fin aux stéréotypes de genre et aux codes qui les figent. Conquérant l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

Femmes égalité sexisme féminisme Flickr-xxxlibris-cc

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Pour réaliser cette ambition, il me semble fondamental d’envoyer des signaux clairs. Sans détailler l’ensemble de mes propositions pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, trois me semblent particulièrement à même de changer la donne.

D’abord, pas un euro public n’ira aux entreprises ou associations qui ne respectent pas l’égalité professionnelle et salariale de façon extensive, c’est-à-dire en intégrant la question des temps partiels ou de l’emploi précaire des femmes. Il est radicalement inacceptable que le salaire des femmes soit inférieur d’un tiers à celui des hommes.

Je rouvrirai par ailleurs les 179 centres d’interruption volontaire de grossesse fermés depuis 10 ans par une politique hospitalière qui ne réfléchit plus qu’en termes de profits, au détriment des besoins sanitaires et sociaux des citoyennes et des citoyens.

Enfin, et c’est sans doute le plus important, j’engagerai un programme massif pour l’émancipation de toutes et tous : réforme des manuels scolaires vers une pédagogie non-sexiste, travail avec les actrices et acteurs des medias autour des clichés, politique ambitieuse d’articulation des temps de vie. Nous formerons également les professionnel-le-s de l’orientation, de l’éducation aux inégalités de genre. En quelques mots et pour répondre aux députés UMP, nous enseignerons le genre à grande échelle.

Le nouveau contrat social que nous élaborerons ensemble sera celui d’une construction de l’égalité durable entre les femmes et les hommes


Lu sur nouvelobs

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