mercredi 28 mars 2012

ENJEUX DE L’ÉDUCATION DE LA FEMME EN AFRIQUE


29/07/2011


ENJEUX DE L'ÉDUCATION DE LA FEMME EN AFRIQUE
Cas des femmes congolaises du Kasaï
Albertine Tshibilondi Ngoyi
Préface de Nahavandi Firouzeh
Etudes africaines
DÉVELOPPEMENT, TIERS-MONDE EDUCATION AFRIQUE NOIRE République Démocratique du Congo (Kasaï)

La République Démocratique du Congo, comme de nombreux pays africains, vit une profonde crise marquée par l'effondrement du système scolaire. Comme souvent, les femmes, en sont les principales victimes. Partant de l'exemple concret des femmes congolaises du Kasaï, l'auteur a entrepris de réfléchir à l'amélioration de la situation et du statut des femmes. Sont ainsi analysés les enjeux de l'éducation de la femme comme lieu de développement, de savoir, de pouvoir et de transformation des représentations.

ISBN : 2-7475-9432-7 • novembre 2005 • 276 pages

mardi 27 mars 2012

En Côte d’Ivoire, les hommes interdisent la pilule aux femmes


L'AUTEUR

Slate Afrique



Bintou est une jeune Ivoirienne de 32 ans. À l’hôpital d’Abobo (banlieue d’Abidjan) où elle est internée depuis quelques jours, elle vient de mettre au monde son… sixième enfant. Mais, raconte l’agence de presse Inter Press Service (IPS), aux joies de l’enfantement semblent se mêler de sérieuses angoisses sur l’avenir. Réussira-t-elle à nourrir et éduquer sa progéniture? En effet, selon IPS, Bintou et son mari, Ibrahim, vivent une situation financière précaire depuis les violences qui ont éclaté après l’élection présidentielle de novembre 2010. Le mari a perdu son emploi, le ménage survit à peine et nourrir les enfants devient un véritable casse-tête. Pas question, cependant, d’arrêter d’en faire.

«Mon mari ne veut pas utiliser de préservatifs. Il estime que c'est contre la nature. Et je n'ose pas prendre la pilule contraceptive parce que je crains qu'il ne s’en rende compte», explique Bintou, avant d’ajouter au journaliste d’IPS, que c’est son mari qui «en tant que chef de la famille (…) prend les décisions sur la santé de la famille».

Simple docilité ou méconnaissance de tous les dispositifs et droits de femmes en matière de contraception dans le pays? IPS indique le cas de Bintou est aussi celui de nombreuses autres femmes en Côte d’Ivoire qui ne savent pas toujours comment accéder à certaines méthodes de contraception. À cela s’ajoute l’absence de service de planning familial dans les centres de santé.

«En effet, la capitale économique ivoirienne, qui compte au moins cinq millions d’habitants, ne dispose que d'un centre de santé qui offre des services de planning familial gratuitement. Il est situé dans les locaux de l'hôpital public de Yopougon, l’une des plus grandes banlieues d'Abidjan, qui se trouve à environ 15 kilomètres au sud-ouest d'Abobo», écrit IPS.

Mais, pour Nathalie Yao-N’Dry, médecin à l’hôpital d’Abobo, le problème, ce sont d’abord les hommes:

«Notre principal obstacle, c’est comment surmonter la perception patriarcale et culturelle selon laquelle l'homme prend toutes les décisions dans le foyer. Mais au même moment, les hommes disent que c'est la responsabilité de la femme de prendre soin des enfants et de leur santé, y compris sa propre grossesse, la naissance et les soins post-natals.»

La bataille pour le droit des femmes au planning familial semble encore avoir de beaux jours devant elle.

Lu sur IPS

Affaire Amina Filali : le bras de fer est engagé au Maroc

27/03/2012 à 20h:06 Par Mouaad El Yaakabi


Suite à la vive émotion suscitée par le suicide de la jeune Amina Fillali, obligée d’épouser son violeur, les féministes marocaines et la communauté internationale pressent Abdelilah Benkirane de réformer rapidement le code pénal. Le chef du gouvernement le fera sans doute, mais pas à n'importe quelle condition. Et sans précipitation.

Le suicide de la jeune Amina Fillali n’en finit pas de créer des remous dans la société marocaine. Dernier soubresaut en date, celui provoqué par la déclaration de Bassima Hakkaoui, ministre de la Femme de la Famille et du Développement social au site internet yabiladi.com. Elle y assure que « parfois le mariage de la violée à son violeur ne lui porte pas un réel préjudice ».

La blogosphère marocaine et la « twittoma », la communauté marocaine sur Twitter, n’ont pas tardé à réagir avec virulence et indignation à cette prise de position. On a même vu réapparaître sur la Toile à cette occasion le fameux « Dégage ! », grognement ultime des révolutionnaires du Printemps arabe.

Très réactive, la « confrérie du web » avait été la première à médiatiser l’affaire, les féministes marocaines s’étant particulièrement émues du sort de Amina Fillali, seulement âgée de 16 ans. La société civile s’est également mobilisée, en organisant entre autre une manifestation samedi 17 mars devant le Parlement, à Rabat, avec plus de 200 personnes. Parmi les banderoles, on pouvait lire : « Violez-moi, épousez-moi, ma vie est vaine, je suis marocaine ».

La vive émotion provoquée au Maroc par l’affaire met le gouvernement d’Abdelilah Benkirane dans une position délicate. Car il devra composer, sur les réseaux sociaux et dans la rue, avec le mécontentement des activistes de tout poil, et la moindre décision de sa part sera disséquée, décryptée et commentée par la presse nationale et internationale.

Sauver les apparences

La mort d’Amina Filali a heurté l’opinion au-delà des frontières du Maroc, jusqu’au Parlement européen où l’article 475 du code pénal marocain, qui permet au violeur d’une mineur d’échapper à la prison si il épouse sa victime*, a été discuté le 20 mars. Lors d’un débat sur les droits de l’Homme au Maroc, Michel Tubiana, secrétaire général de la plate-forme non gouvernementale Euromed, a pointé du doigt les « zones de clair-obscur » qui subsistent dans la justice marocaine.

De fait, la révision du code pénal se retrouve au cœur des revendications des féministes marocaines. Mais Bassima Hakkaoui, seule ministre femme du gouvernement Benkirane, ne compte pas se laisser dicter sa politique par des ONG. Certes elle promet d’agir « pour que le suicide d’Amina ne soit pas vain », mais affirme aussitôt que « l’article 475 du code pénal ne risque pas d'être abrogé, du jour au lendemain, sous la pression de l’opinion publique internationale ».

Selon Youssef Belal, professeur de sociologie politique et de relations internationales à l’université de Rabat, il s’agit pour le PJD « d’initier une révision de l’article sans donner l’impression de céder politiquement » aux modernistes. D’autant plus que la révision de l’article est dans l’intérêt du PJD, dont les électeurs sont demandeurs.

« Le gouvernement Benkirane a toute la marge de manœuvre pour réviser cet article qui ne touche en rien aux intérêts du Palais » ajoute Youssef Belal. En clair, ce n’est plus qu’une question de temps avant la révision de l’article e,t plus globalement, du code pénal marocain.

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* « Lorsqu'une mineure nubile ainsi enlevée ou détournée a épousé son ravisseur, celui-ci ne peut être poursuivi que sur la plainte des personnes ayant qualité pour demander l'annulation du mariage et ne peut être condamné qu'après que cette annulation du mariage a été prononcée ».

Lu sur Jeune Afrique

États-Unis : Michelle, l'atout charme de Barack Obama

21/03/2012 à 19h:00 Par Nicolas Michel
Le coupe Obama dans un restaurant de Washington, le 8 mars. Le coupe Obama dans un restaurant de Washington, le 8 mars. © Leslie E.Kossoff/Newscom/SIPA

Dans un livre qui n'a pas forcément plu aux occupants de la Maison Blanche, Michelle Obama apparaît comme la meilleure arme de son président de mari, Barack, en vue de sa réélection.

C'est une belle histoire, presque une romance d'aujourd'hui. Entourés d'un personnel nombreux, ils habitent une grande maison, élèvent leurs deux filles et tentent de changer en profondeur la première superpuissance mondiale. Lui s'appelle Barack, elle s'appelle Michelle. Il la surnomme tendrement « Flotus » (First Lady of the United States), elle lui donne du « Potus » (President of the United States). Pour les services de sécurité, il est « Renegade » (« Rebelle »), elle est « Renaissance ». La vie n'est pourtant pas toujours rose à la Maison Blanche. Attendus au tournant par leurs ennemis, observés par leurs amis, ils savent que le moindre de leurs gestes sera analysé.

Les Obama sont mariés depuis 1992. « Pour quelques mois encore, voire plus, ils sont aussi mariés avec nous », commente Jodi Kantor, la journaliste du New York Times qui a enquêté sur le fonctionnement du couple depuis 2008. Son livre, The Obamas (Little, Brown & Company, 368 pages, 17,22 dollars), est une immersion dans le quotidien du pouvoir qui n'a d'autre limite que la porte de la chambre à coucher présidentielle. Entre petite et grande histoire, ragots, on-dit et déclarations officielles s'y mélangent. Comment le couple Obama pratique-t-il le pouvoir et la politique ? Présupposé romantique de l'analyse : le premier président noir de l'histoire des États-Unis est surtout un père et un mari.

Sous contrôle

Michelle a quant à elle vertement réagi au contenu du livre. « C'est une image de moi que certains ont essayé de peindre depuis le jour où Barack a annoncé sa candidature, à savoir que je serais une femme noire en colère. » Tandis que Barack tentait tant bien que mal de respecter ses promesses de campagne, elle a essayé de faire son nid de First Lady, cornaquée par un essaim de conseillers. Femme de caractère qui n'apprécie pas forcément qu'on lui dicte une ligne de conduite, elle a dû accepter que tout soit contrôlé, de la (re)décoration de la Maison Blanche à ses tenues vestimentaires, en passant par ses sorties. « La pression qu'elle subit [...] est plus forte que sur n'importe quelle autre première dame, car tout le monde attend d'une femme noire qu'elle commette une erreur », confie à Kantor l'un de ses interlocuteurs. Des erreurs, Michelle en a commis. Une paire de baskets Lanvin à 515 dollars... Un voyage pour un séjour de quatre jours en Espagne à bord d'un avion facturé plus de 11 000 dollars l'heure...

Dans ses courriels, elle laisse passer quelques escarbilles de son mécontentement. Selon Kantor, le malaise a atteint son apogée lors de la parution du livre Carla et les ambitieux, des Français Michaël Darmon et Yves Derai. Selon les auteurs, Michelle aurait déclaré à Carla Bruni-Sarkozy que la vie à la Maison Blanche était « un enfer ». Porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs a vite obtenu un démenti de l'Élysée, mais Valerie Jarrett, conseillère d'Obama et amie proche du couple, a alors suggéré que « Flotus » n'était pas satisfaite. Réaction explosive de Gibbs : « Qu'elle aille se faire foutre ! »

Ils écrivent à quatre mains une version de l'American Dream.

En réalité, Michelle ne s'est pas plainte, mais son insatisfaction et sa volonté de peser sur les choix de son mari se heurtent depuis le début à la pusillanimité des conseillers du président. Barack, lui, se garde bien de dire à sa femme ce qu'elle doit faire ou ne pas faire... L'histoire confine à la caricature. Elle oppose un Barack réformateur, diplomate, prudent et réservé à une Michelle plus provocatrice, qui, si elle réduit souvent son rôle à celui de mom-in-chief (« maman en chef »), se présente aussi comme la gardienne du temple, attachée au respect des promesses du candidat Obama.

Secret des dieux

Au-delà de l'image du couple amoureux et complice, ce qui émerge du livre, c'est l'extraordinaire efficacité politique de leur union. Dans le secret de ces dieux-là, difficile de savoir comment les rôles se distribuent.

Michelle : « Barack n'est pas d'abord un homme politique. C'est un militant communautaire qui explore la viabilité de la politique pour permettre le changement. » Barack : « Alors que je reçois quotidiennement l'avis de nombreux conseillers, à la fin de la journée, c'est Michelle [sa conscience morale, son impartialité] qui domine le brouhaha et me rappelle pourquoi je suis là. »

Complémentaires, sexy et subtilement accordés, les Obama forment une machine de guerre que rien ne semble pouvoir arrêter. Ils réécrivent à quatre mains une version contemporaine de l'American Dream à laquelle chacun peut s'identifier.

Stratèges, ils s'efforcent d'effacer les échecs par une communication millimétrée. La réforme de l'assurance maladie est vidée de sa substance ? Michelle lance une campagne de lutte contre l'obésité (« Let's Move »). Le Prix Nobel de la Paix envoie des soldats supplémentaires dans l'enfer afghan ? Michelle s'implique auprès des familles de militaires. Résultat, quand la cote de popularité de monsieur s'érode, celle de madame atteint des sommets, et le tout s'équilibre.

Séduite par ce couple secret qui prétend vouloir préserver son intimité, Jodi Kantor ne creuse pas la question du marketing politique. Pourtant, sur ce plan, la famille Obama, c'est de l'or en barre. Professeur à l'Université de New York, David Yermack a démontré que chaque apparition publique de Michelle Obama provoque une augmentation moyenne de 14 millions de dollars de la valorisation boursière des entreprises ayant fabriqué les vêtements qu'elle portait. Sans présumer ni de leur sincérité ni de leur volonté de changer l'Amérique, Renaissance et Renegade n'ignorent pas à quel point leur union est vendeuse. La campagne électorale qui s'annonce en apportera sans doute la preuve.

Lu sur Jeune Afrique

jeudi 22 mars 2012

France - Cameroun : Ketty Sina, ex-Clodette


16/03/2012 à 15h:52 Par Clarisse Juompan-Yakam

Dans le restaurant de la Camerounaise, l'univers Claude François reste très présent. Dans le restaurant de la Camerounaise, l'univers Claude François reste très présent. © Bruno Levy pour J.A
Trente-quatre ans après la mort de Claude François, cette Camerounaise s'est reconvertie, non sans difficultés, dans la restauration et l'hôtellerie.
Elle a adoré Cloclo *, le biopic de Florent-Emilio Siri sur la vie de Claude François, vu en avant-première avec d'autres ex-­Clodettes invitées par le fils aîné du chanteur, Claude Junior. Ketty Sina dit l'avoir regardé un noeud à l'estomac, émue de retrouver chez Jérémie Renier la gestuelle, les mimiques et la personnalité « double et trouble » de celui qu'elle a accompagné sur scène pendant les deux années « les plus intenses de [sa] vie », entre 1976 et 1978. À demi-mot, elle regrette toutefois le peu de place que le film accorde aux musiciens et aux danseuses.
Corps sculpté et jambes galbées, l'ex-Clodette de 54 ans conserve les bénéfices des heures de danse avec l'icône de la chanson française et, trente-quatre ans après la disparition de son mentor, donne l'impression de vivre toujours dans son ombre. La voix posée, la Camerounaise tente d'aborder la fin tragique du chanteur, puis se ravise et revient à leur rencontre. Elle se prénommait alors Françoise, n'avait que 18 ans et était arrivée en France trois ans plus tôt. Mariée traditionnellement, la jeune Bafang (ouest du Cameroun), aînée d'une fratrie de six, était censée suivre des études de couture. Son conjoint se révèle violent, et elle, « cancre à l'école », fréquente plus les boîtes de nuit que les salles de classe. Extravagante, court vêtue, outrageusement maquillée, elle inquiète ses parents. Claude François la remarque, lui propose de l'engager. « J'ignorais ce qu'il représentait et cette légèreté lui a plu. » Trois jours plus tard, elle fait sa première télé. « Je n'avais pas conscience de ma chance. Il était très en avance sur son temps. » Suivent deux années grisantes. Ses pieds ne touchent plus terre : « J'avais l'impression que tout m'était dû. » Son éducation rigide l'empêche de déraper.
Ketty Sina décrit Claude François comme un être exigeant, voire cassant, qui pouvait se séparer d'une Clodette qui avait pris du poids... Mais il était aussi courtois, loyal, généreux et ne faisait aucune différence entre ses danseuses. Enfin, elle avoue tout de même avoir profité de sa couleur pour négocier un contrat avantageux : les danseuses noires ne couraient pas les rues...
Ouvert il y a quinze ans, le restaurant de l'ex-danseuse, à Paris, est un hommage au chanteur. Le week-end, le disco y prend ses quartiers, Ketty Sina n'hésitant pas à enfiler une tenue à paillettes pour une chorégraphie endiablée. Mais elle réfute tout calcul. « Si j'avais voulu utiliser son nom comme fonds de commerce, j'aurais baptisé mon restaurant Chez Ketty la Clodette, plutôt que le Kamukera. » Il n'empêche que, pour attirer le chaland, elle avait fait dessiner le visage de son idole sur un pan de mur voisin aujourd'hui disparu. Si elle vit aujourd'hui la moitié du temps dans le Perche, « une région verdoyante et vallonnée qui [lui] rappelle l'Ouest-Cameroun », où elle a des chambres d'hôte, elle soutient que le restaurant l'a sauvée de ses remords.
À la mort de Cloclo, Ketty Sina était sur le tournage, à Libreville, du film franco-gabonais Ilombe. Elle avait quitté le groupe des Clodettes sur un mensonge, l'agonie imaginaire de sa grand-mère. Le décès tragique de la star fut un choc immense, et la culpabilité la poussa à fuir Paris.
En Italie, elle devint gogo danseuse. À son retour, elle rencontre Jean-Marie Rivière, grand nom de la nuit, et devient meneuse de revue à l'Alcazar, puis danseuse au Paradis latin, où elle joue Joséphine Baker. Elle reste plus de dix ans dans le music-hall, avant de se lancer dans l'événementiel, de travailler comme directrice de casting puis de créer son agence de mannequins. Un échec cuisant. « Je n'avais ni contacts chez les créateurs de mode ni notions de gestion », confesse-t-elle. Endettée, elle élève seule ses quatre enfants, prend des cachets pour dormir, d'autres pour rester éveillée. Songe à une reconversion dans la bureautique. Malade, elle découvre que, en tant qu'« invalide », elle a droit à une subvention pour créer son entreprise.
Aujourd'hui, le Kamukera permet à cette chef d'entreprise de prouver que le temps ne s'est pas arrêté à la fin des années 1970. Les enfants ont pris leur envol, et elle retourne souvent au pays. Née au Gabon, parisienne depuis quarante ans, elle surveille de loin la construction d'une résidence hôtelière à Kribi. Tout en poursuivant son combat en justice, avec quelque quinze autres Clodettes, pour percevoir des droits sur l'utilisation de leur image. La Société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes, dont elles n'ont découvert l'existence qu'en 2007, aurait récolté ces trente-quatre dernières années quelque 30 millions d'euros annuels, sans leur verser un centime. Un combat de principe...

Les femmes marocaines dénoncent une législation en faveur des violeurs


   

Les femmes marocaines dénoncent une législation en faveur des violeurs
  • Lundi, 19 Mars 2012 14:40

(Agence Ecofin) - Après le suicide d’Amina, contrainte d’épouser son violeur, nombreuses femmes sont descendues dans la rue, samedi 17 mars, pour protester contre la loi pénale en faveur des violeurs. Plusieurs associations dont la Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes ou l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) ont appelé à l’organisation de ce sit-in en faveur du droit des femmes.
Le suicide d’Amina, 16 ans, contrainte d’épouser celui qui l’a violé, a bouleversé les Marocaines et conduit le pays à s’interroger sur le fameux article 475 du Code pénal à l’origine de cette situation.
L’article 475 punit le violeur d’emprisonnement si la victime est mineure sauf en cas de mariage. C’est cette dernière disposition qui conduit les victimes à épouser leur violeur comme ce fut le cas pour Amina. L’agresseur échappe ainsi à toute poursuite judiciaire en cas de consentement des parents au mariage de leur fille.
Dans le cas d’Amina, il semble que ce soit sa mère qui l’y est contraint contre le gré du père qui a déclaré avoir été obligé par sa femme « pour que les gens arrêtent de se moquer [d’eux], pour faire taire la honte ».
Les femmes, environ deux cents au début du sit-in, ont réclamé, samedi, l’abrogation ou la refonte de cet article discriminatoire, en contradiction avec la volonté de modernité du Maroc, exprimée dans la nouvelle Constitution. 

Violences, droits de l’homme et élections de novembre 2011 (Lignes maîtresses de la conférence donnée à Genève le 15 et le 16 mars 2012)


Mardi, 20 Mars 2012 10:15

En lisant les documents publiés par nos Evêques, par certains prêtres et le CALCC (Comité d’Apostolat des Laïcs Catholiques Congolais) autour du processus électoral tel qu’il s’est déroulé chez nous, un constat se dégage : le triomphe des antivaleurs a créé un malaise politique et social exigeant le retour aux valeurs de courage, de justice, de paix et de vérité pour le juguler. Dans l’écoute mutuelle et dans le dialogue. Il y a des prêtres et des chrétiens qui, eux, prônent une révolution non-violente.

Dès la publication des premiers résultats des élections, le Cardinal Monsengwo a réagi à partir des informations dont il disposait en disant que ces résultats n’étaient conformes ni à la vérité ni à la justice. Dans son Message du 11 janvier 2012 intitulé « Le courage de la vérité », la CENCO note ceci : « Aujourd’hui, il ressort du rapport final de la mission d’observation électorale de la CENCO et des témoignages recueillis de divers diocèses et d’autres sources que le processus électoral s’est déroulé, à beaucoup d’endroits, dans un climat chaotique. L’on a noté plusieurs défaillances, des cas de tricheries avérées et vraisemblablement planifiées, de nombreux incidents malheureux entrainant mort d’hommes, des cafouillages, et, à certains endroits, un climat de terreur entretenu et exploité à dessein pour bourrer les urnes. Ce n’est pas tout. Ce qui se passe présentement au niveau de la compilation des résultats des élections législatives est inacceptable. C’est une honte pour notre pays. » Le Comité d’Apostolat des Catholiques Congolais et ses aumôniers lui ont emboîté le pas et ont exigé l’annulation pure et simple de ces élections. Il s’est organisé pour protester contre les tricheries, les fraudes et les irrégularités en programmant une marche pacifique le 16 février 2012. Il voulait faire d’une pierre deux coups : commémorer les martyrs de la démocratie du 16 février 1992 et exiger l’annulation de ces élections.

Bien qu’étant en ordre avec l’article 26 de la constitution- stipulant que « la liberté de manifestation est garantie. Toute manifestation sur les voies publiques ou en plein air, impose aux organisateurs d’informer par écrit l’autorité administrative compétente », le CALCC a vu sa marche pacifique réprimée, les chrétiens, les religieux et les prêtres poursuivis, traqués et arrêtés, même dans les églises.

Cette répression brutale de la manifestation non-violente des chrétiens s’inscrit dans la droite ligne de toute une politique pratiquée dans notre pays au cours de la période pré-électorale (et très bien documenté par le BCNUDH. Mais aussi bien avant. Les élections de 2006 se sont déroulées à peu près dans les mêmes conditions. Un rapport de la FIDH intitulé « République démocratique du Congo. La dérive autoritaire » publié en juillet 2009 à Bruxelles est très instructif sur la violation permanente des droits de l’homme et des libertés fondamentales par les gouvernants de Kinshasa au cours de la période ayant précédé et suivi les élections de 2006.

Disons qu’il s’est créé au Congo (RD) une atmosphère d’impunité faisant de ce pays une jungle où triomphe la loi de la nature. Les différents rapports des experts de l’ONU rédigés à partir des années 94 jusqu’à ce jour en témoignent. A partir de ces rapports, il est possible, de dire aujourd’hui qui a fait quoi et quand.

Le 05 mars 2012, une délégation du Comité permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo a entrepris une démarche pour aller à la rencontre des acteurs politiques de l’opposition et de la majorité présidentielle. Fidèle à sa mission d’évangélisation et de promotion intégrale de la personne humaine, l’Eglise du Congo tient à inciter ces acteurs politiques à créer des espaces d’écoute mutuelle et de dialogue pour une reconstruction collective de notre pays. Cette noble démarche marque ses limites dans la mesure où elle semble escamoter une bonne partie de notre histoire.

A plusieurs reprises, les compatriotes Congolais en ont appelé à la création d’un TPIC, sans succès. Le dialogue et la reconstruction de notre pays ne devraient pas mettre entre parenthèse les crimes impunis depuis les années 90.Le temps ne serait-il pas venu pour que justice soit réellement rendue aux millions des morts Congolais ?

Penser à une grande Commission Justice, Vérité et Réconciliation dans la sous-région des Grands-Lacs avec des sous-commissions dans chaque pays de cette sous-région est indispensable. Il faut que la vérité soit enfin dite sur la tragédie que connaît cette partie de l’Afrique depuis la chute du mur de Berlin. Que tous les acteurs « apparents » et « majeurs » de cette tragédie répondent de leurs forfaits. Qu’une Réconciliation favorable au panafricanisme des peuples permette enfin la reconstruction de cette Afrique des Grands-Lacs à même de contribuer au renversement des rapports de force dans un monde où dominent les grands ensembles. Mais cela ne pourra être possible sans que les bases solides d’un Etat de droit démocratique soient lancées dans tous les pays de la sous-région impliqués dans la guerre de prédation qui sévit au Congo (RD) depuis 1996.


Lu sur Congo One

L’alcoolisme chez les jeunes femmes

18. mar | Par |

Pendant que le débat sur la consommation des mineurs s’intensifie au niveau mondial, nous en venons à composer avec le fait que l’alcool n’est plus un problème qui affecte la population adulte uniquement. Dans cet article, j’enquête sur quelques-unes des raisons qui se cachent derrière les habitudes de consommation excessives des jeunes en Grande-Bretagne et en Belgique, pour comprendre si l’alcool est simplement un facteur de socialisation ou alors une drogue sociale. En outre, j’observe comment à travers les années la consommation d’alcool est devenue à la fois un symbole de l’émancipation féminine mais aussi de son emprisonnement.

La consommation d’alcool, dans la tradition africaine a longtemps été utilisée pour réguler les rôles de genre assignés socialement,

Dormant dans la rue après une consommation excessive d'alcool. Source: dailymail.co.uk

Dormant dans la rue après une consommation excessive d'alcool. Source: dailymail.co.uk

il est courant dans les sociétés africaines pour les hommes de consommer des quantités excessives d’alcool à l’occasion de la naissance d’un enfant, pour accueillir un visiteur, ou encore pour célébrer une cérémonie de mariage.

Les débits de bière ont à la base étés conçus pour les hommes, et les femmes qui y étaient aperçues étaient la plupart du temps des prostitués. Ces dernières années cependant, selon un rapport de l’OMS, «dans certaines sociétés les différences entre les sexes dans les habitudes de consommation ont diminué ». Depuis les années 1960 dans l’Ouest et peut-être les années 1970 pour l’Afrique, les femmes ont été plus impliquées dans l’économie de marché et ont donc eu accès à leur propre revenu et peuvent choisir de consacrer plus de temps aux loisirs. Un samedi soir dans une métropole africaine va vous raconter une nouvelle histoire; des rangées de jeunes femmes branchées indépendante et carriériste faisant éclater des bouteilles de champagne et sirotant des cocktails exotique.

Une enquête commandée par la Commission européenne, a couronné la Grande Bretagne « capitale de la défonce à l’alcool ». Cela signifie que les britanniques consomment plusieurs unités d’alcool en une seule séance. Au moins une fois par semaine à l’université, il y’avait une soirée alcoolisée à thème qui se nommait VodBull durant laquelle un gobelet de Vodka- Redbull était vendu à 1 pound. 20pounds plus tard la piste ressemblait à une scène digne d’un film d’horreur. Des filles étendues sur la piste, nageant dans leur propre vomi, d’autres violées dans le couloir, des talons cassés et les parties intimes exposées à la vue de tous. Le consensus est que la défonce à l’alcool chez les jeunes est le résultat de nombreuses restrictions établit sur l’alcool par le gouvernement britannique. D’autres soutiennent que la seule façon pour les boites de nuit et bars de se faire de l’argent auprès des jeunes gens fauchés est d’inventer des soirées sur le thème de l’alcool où un shot peut couter moins de 20 centimes.

Jack Daniels

Jack Daniels

Certains jeunes rwandais en Belgique ont donné un nouveau sens aux pré- et après- fêtes ; le vendredi soir il y’a une before, pour fêter l’arrivée du weekend ce qui implique la consommation de bières et spiritueux, vient ensuite la soirée en boite ou ils consomment d’avantage, suivie de l’ « after » à laquelle ils consomment encore plus d’alcool et qui se poursuit jusque samedi soir voire dans le pire des cas jusque dimanche après-midi. Fait inquiétant, les performances scolaires de ces jeunes sont au plus bas en raison de leur lutte pour combiner l’emploi du temps universitaire exigeant avec leur vie sociale. De plus, selon plusieurs sources, au cours de ces deux dernières années on a vu se développer une tendance chez les jeunes femmes rwandaises, qui en une séance boivent plusieurs verres de spiritueux tels que Jack Daniels et William Lawsons ou des shoots de Tequila qui contiennent 40% d’alcool par volume. Les bières et alcopops tels que Smirnoff qui d’habitude sont les boissons alcoolisés préférées des jeunes femmes sont désormais rarement consommées voire même tabous chez celles-ci. Souvent je me demande s’il n’y a pas un lien entre l’augmentation du taux d’alcoolisme chez les jeunes rwandais et les évènements tragiques qui se sont déroulés dans l’histoire du Rwanda. En parlant avec quelques jeunes j’ai pu conclure que dans plusieurs cas les problèmes issus de notre « statut de réfugié » sont à la racine de cette consommation excessive. L’alcool semble être capable d’enterrer temporairement les problèmes auxquelles les jeunes doivent faire face au jour le jour.(1)

De telles scènes ne sont pas uniquement communes à l’Europe, des amis qui ont été à l’université en Ouganda, au Nigéria, au Rwanda et en Afrique du sud m’ont assuré que les choses avaient mal tournés. Bien qu’on puisse avoir l’impression que l’alcoolisme chez les jeunes femmes est un phénomène accepté, la réalité est bien différente. Ce qui est socialement acceptable c’est une fille qui boit un cocktail exotique, ce qui est socialement toléré c’est une fille qui boit pour se souler. Il y a encore de nombreux stéréotypes liés à la femme qui va favoriser une pinte de bière au lieu d’une boisson « féminine », et ce particulièrement parmi les africains. A la suite de ces stéréotypes, de plus en plus de femmes protègent l’image qu’elles pourraient refléter en modérant leur consommation d’alcool en public tout en se laissant aller en privé.

Alors que la jeunesse est le temps de l’expression et la découverte, c’est aussi le moment où la société veut, principalement chez les jeunes femmes, nous imposer plusieurs restrictions. Malgré que nous vivons au 21ème siècle en Europe, nos valeurs africaines fondamentales et traditionnelles ne nous ont pas véritablement quittés, et d’ici là l’alcoolisme chez les jeunes femmes africaines continuera à être un autre sujet tabou. D’un point de vue européen, même si la société est indulgente envers les femmes qui boivent de l’alcool, plusieurs ont une histoire à propos des standards auxquels elles doivent répondre chaque jour. En écrivant cet article, je ne monte pas sur mes grands chevaux en jugeant d’autres femmes mais je les appelle plutôt à réexaminer leur relation avec l’alcool.

Quand elles ont parlé d’égalité, les leaders des droits des femmes ne voulaient pas dire qu’elles voulaient être comme des hommes, elles voulaient une société plus humaine où une femme était autorisée à être une femme au sens véritable du terme. Il ne s’agit donc pas de voir qui le fait le mieux, mais plutôt d’avoir la liberté de prendre la bonne décision pour vous en tant que femme dépourvue de toute influence extérieure. En fin de compte, il n’est pas si évident de savoir si la consommation d’alcool nous a libérées des chaines qui nous ont tenues liées au cours de tant de siècles.

Traduit par Honorine Sebatware

Version originale anglaise par Maziyateke

Jambonews.net

Rwanda : l'ampleur de l'avortement


Environ 60 mille femmes avortent chaque année au Rwanda . Soit 25 sur 1000, selon une étude qui recense, pour la première fois, l'ampleur du problème dans ce pays.

L'avortement devrait devenir légal dans certains cas.


L'enquête - réalisée par le ministère rwandais de la santé et un institut américain spécialisé dans la santé reproductive, l'Institut Guttmacher - détaille les raisons et les risques des avortements au Rwanda. L'interruption volontaire de grossesse y est interdite, mais la loi est en cours de révision.

Principale cause d'avortement, d'après cette étude : les grossesses accidentelles ; d'ailleurs, 47% des femmes enceintes n'auraient pas désiré leur bébé.

L'enquête estime à environ 60 mille le nombre d'avortements chaque année.

De plus, en 2009, plus de 16 mille Rwandaises ont dû recourir à des soins de santé suite aux conséquences d'avortements.

Les interruptions volontaires de grossesses sont pratiquées dans la clandestinité, la loi l'interdisant pour l'instant.

Les risques de complications sont nombreux car la plupart des avortements sont donc pratiqués par des agents non qualifiés comme les médecins traditionnels, les pharmaciens qui utilisent des méthodes dangereuses, voire les femmes enceintes elles-mêmes - et souvent dans des conditions qui ne respectent pas les normes d'hygiène.

Ces conclusions chiffrées sont publiées alors que le code pénal rwandais est en train d'être révisé.

L'avortement devrait devenir légal dans certains cas : en cas de grossesse après un viol ; lorsqu'une femme est tombée enceinte à la suite des pratiques traditionnelles; qu'elle a fait l'objet d'un mariage forcé ou a été victime d'inceste .

Dans le cas, enfin, ou la poursuite de la grossesse met en péril la santé de l'enfant à naître et de la mère.

En dehors de ces cas, la loi prévoit des peines allant de 2 à 20 ans de prison pour quiconque avorte délibérément.

L'Eglise catholique du Rwanda, pour sa part, comme le Vatican, estime que rien ne peut justifier ce qu'elle considère comme un meurtre prémédité.


BBC Afrique

20.03.2012

mercredi 21 mars 2012

Le printemps de la contraception au Maghreb

Les évolutions récentes et contrastées de la fécondité au Maghreb surprennent les démographes. Selon eux, ces phénomènes échappent très largement à la volonté des responsables politiques.

Aïda, une femme enceinte à Annaba en Algérie le 3 mars 2010. Reuters/Zohra Bensemra

l'auteur

La géopolitique s’intéresse-t-elle assez à la science démographique? Une étude publiée par trois chercheurs de l’Institut national d’études démographiques dans le dernier numéro de la revue Population & Société éclaire d’un jour nouveau les évènements politiques récents du Maghreb. Les signataires de ce travail, pour leur part, ne cachent pas leur surprise, au vu des chiffres qu’ils analysent. Ce travail est signé de Zahia Ouadah-Bedidi, Jacques Vallin et Ibtihel Bouchoucha.

Pourquoi une telle surprise? Les auteurs rappellent qu’au début des années 1970, en dépit des programmes de planning familial mis en œuvre au début des années 1960 la fécondité demeurait très élevée en Tunisie et au Maroc (avec une moyenne de 6,5 enfants par femme). Elle dépassait même les 8 enfants par femme en Algérie, conséquence du baby-boom qui avait suivi la guerre d’indépendance. Personne, alors, n’imaginait qu’une baisse démographique rapide puisse réellement s’engager dans ces trois pays aux traditions de nature natalistes.

Transition démographique en marche

Puis, contre toute attente, dès l’an 2000, les démographes observèrent que la fécondité maghrébine était descendue autour du seuil de 2,1 enfants par femme; seuil emblématique qui permet d’assurer à long terme un strict remplacement des générations: 2,08 en Tunisie, 2,2 en Algérie et 2,5 Maroc. Cette baisse avait été d’autant plus rapide qu’elle avait tardé à venir. Et la Libye, entrée la dernière dans ce mouvement de décroissance, la baisse y a été encore plus rapide qu’en Algérie, passant de 7,6 enfants par femme en 1982 à 3,1 en 2000.

«Tout en admettant que certains changements de comportement pourraient freiner, voire stopper la baisse de la fécondité, il semblait alors plus probable que sa chute conduise bientôt à des taux de fécondité nettement inférieurs au seuil de remplacement», précisent les auteurs.

C’était d’ailleurs déjà chose faite dans certaines grandes villes: 1,9 en 1998 à Alger, Annaba et Tizi-Ouzou, 1,5 en 1999 à Tunis. Et ceci était d’autant plus vraisemblable que les pays en développement d’Asie et d’Amérique latine ayant connu un peu plus tôt une baisse rapide de fécondité, étaient déjà tombés au-dessous de 2,1, en Asie comme en Amérique.

Mais dans aucun des pays du Maghreb la fécondité n’est tombée en dessous de ce seuil de remplacement et les quatre pays évoluent aujourd’hui de façon très contrastée. En Tunisie, le taux de fécondité totale (TFT) semble parfaitement rivé à 2,1 enfants par femme depuis 1999. En Algérie après être arrivé à 2,2 le taux n’a cessé d’augmenter atteignant pratiquement 2,9 en 2010. Dans le même temps, au Maroc et en Libye, il a continué à baisser rapidement, respectivement jusqu’à 2,2 et 2,5.

«Au total, non seulement aucun de ces pays n’est encore tombé sous le seuil de remplacement mais l’Algérie opère depuis dix ans une vive remontée qui la place aujourd’hui nettement au-dessus du Maroc et même de la Libye», résument les auteurs.

Comment comprendre? Que se passe-t-il en Algérie et en Tunisie? Les auteurs se gardent bien de penser que ce phénomène «d’arrêt au seuil du remplacement» soit un fait définitivement acquis et ils ne prétendent pas pouvoir expliquer totalement ce qu’ils observent. Ils estiment néanmoins indispensable de poser ici trois questions.

Evolution de l’âge au mariage et de l’accès à la contraception

Les auteurs rappellent que la société maghrébine (de par sa culture, sa religion et ses institutions politiques) s’efforce «par tous les moyens» de tenir les femmes «à l’écart de toute relation sexuelle avant le mariage». Plus fortement encore, elle leur dénie la possibilité d’enfanter hors du lien conjugal. Dans un tel contexte, toute élévation de l’âge au mariage des femmes entraîne automatiquement une diminution de la fécondité.

Toutes les études sur la baisse de la fécondité maghrébine des décennies 1970 à 1990 ont précisément montré que la hausse de l’âge moyen au premier mariage des femmes en a été, du moins au départ, la cause majeure. Et ce n’est que dans un second temps que la contraception a pris le relais, pour finalement faire à peu près jeu égal avec l’élévation de l’âge au mariage dans les voies empruntées pour ramener les taux de 7 enfants par femme à 2 en moins de trois décennies.

Question: la poursuite de la baisse des taux de fécondité au Maroc et en Libye continue-t-elle de s’appuyer sur une élévation de l’âge au mariage tandis que son arrêt expliquerait la stabilisation de la fécondité en Tunisie et son rajeunissement la remontée de la fécondité en Algérie? Pour les auteurs, il est en réalité bien difficile de répondre faute notamment de données précises d’état-civil.

Et qu’en est-il, dans ce contexte, de la contraception féminine? En Tunisie, le recours à la contraception dans le cadre du mariage a continué de progresser jusqu’en 1995 et semble s’être stabilisé ensuite à un peu plus de 60%. Associé à la «stabilisation en douceur de l’âge au mariage» ceci explique bien l’arrêt de la baisse de la fécondité observé depuis 10 ans. Au Maroc, la brutale augmentation de la contraception des années 1990 aux années 2000 (son niveau est supérieur à ceux observés en Tunisie et en Algérie) peut expliquer que la baisse de la fécondité se soit poursuivie, et ce malgré l’arrêt plus précoce de la montée de l’âge au mariage

A l’inverse son retard en matière de contraception a fait que la Libye n’a pu ramener sa fécondité au même niveau que les trois autres pays qu’en raison de la «formidable hausse de l’âge au mariage». Le retournement de la fécondité algérienne depuis 2002 est plus difficile à expliquer puisque la contraception a continué d’y augmenter jusqu’en 2006.

Est-ce l’influence de l’urbanisation et de l’instruction?

La baisse de la fécondité a débuté dans les villes, comme dans de nombreux pays. Mais elle a, au Maghreb, rapidement gagné les régions rurales. De ce point de vue le cas de l’Algérie est exemplaire. Puis une fois arrivée au seuil de remplacement, la fécondité urbaine est vivement remontée, tandis que la fécondité rurale continuait de baisser pour ne remonter ensuite qu’à un rythme plus lent.

«Et comme hier la baisse, la récente remontée algérienne a aussi été initiée par les villes, les campagnes commençant à peine à suivre, à tel point qu’en 2008, la fécondité était légèrement plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural», résument les auteurs.

En Tunisie et au Maroc, la baisse de la fécondité a d’abord concerné les villes avant de s’étendre aux campagnes, mais, dans la dernière période, l’écart s’est stabilisé à un enfant par femme, la fécondité des campagnes restant plus élevée que celles des villes.

L’évolution a priori paradoxale de la fécondité en fonction du niveau d’instruction des mères est encore plus frappante. Ainsi en Algérie, comme dans les trois autres pays, c’est le changement de comportement fécond des femmes les moins instruites qui a entraîné la moyenne nationale vers la baisse. En fait, dès 1970, la fécondité des femmes « un tant soit peu instruites » était déjà moitié moindre que celle des «analphabètes» (4 enfants par femme contre 8). Trente ans plus tard, la fécondité des analphabètes était réduite de 6 enfants par femme alors que celle des femmes instruites ne l’était que d’à peine plus de 2.

Les politiques ont-elles joué un rôle?

Pour les auteurs il serait vain de rechercher dans une quelconque évolution des politiques de maîtrise de la fécondité la poursuite de la baisse des taux au Maroc et en Libye, la stabilisation au seuil de remplacement en Tunisie, et la vive remontée en Algérie.

«Rien n’a changé, ni dans les attitudes ni dans les actes, qui puisse expliquer ces contrastes, assurent-ils. Le gouvernement algérien considérait encore en 2001 que la fécondité était trop élevée alors même qu’elle était au plus bas, et ce pays a continué d’intervenir directement en faveur de sa réduction (…) La poursuite de l’action du gouvernement tunisien en faveur de la baisse de la fécondité ne peut expliquer sa stabilisation à 2,1 enfants par femme. Ces nouvelles tendances s’imposent malgré les politiques.»

Il apparaît notamment que la poursuite des politiques de limitation des naissances (clés habituelles de la baisse de la fécondité) n’ont en rien empêché ici les retournements de tendance.

«Elles n’ont jamais fait qu’accompagner les changements d’attitude fondamentaux, au mieux en les anticipant un peu mais surtout en apportant un certain confort dans leur réalisation, expliquent les trois démographes. Les causes fondamentales du changement de comportement fécond, à la baisse comme à la hausse, sont ailleurs, dans les transformations économiques, sociales et culturelles de la société, dont l’urbanisation et le progrès de l’instruction sont deux aspects majeurs.»

L'émergence de nouveaux comportements

Si le politique joue un rôle c’est donc indirectement via l’urbanisation, la scolarisation et l’émergence de nouveaux comportements.

«Hier, la fin du terrorisme en Algérie a très bien pu créer le besoin de réaffirmer l’importance du lien familial avec la formation de couples et la venue d’enfants plus précoces, concluent-ils. Demain, les libertés nouvelles nées du printemps arabe, mais aussi le renouveau de certains mouvements islamistes, induiront peut-être à leur tour de nouvelles inflexions.»

On aimerait déjà en connaître la nature et la portée. Dans l’attente on peut aussi s’interroger sur le rôle joué par les évolutions démographiques dans l’émergence des «printemps arabes».

«Il n’est pas simple d’être affirmatif sur un tel sujet qui renvoie à une alchimie de différents facteurs, répond Jacques Vallin. Mais il semble bel et bien que la proportion importante de très jeunes adultes généralement instruits a été ici un élément déterminant. De même que l’usage des nouveaux médias, ces deux éléments n’étant en rien exclusifs l’un de l’autre, bien au contraire.»

Jean Yves Nau

Lu sur Slate Afrique

Liberia - La Prix Nobel de la paix condamne l’homosexualité

Slate Afrique

21.03.2012

Dans une interview commune avec Tony Blair, la prix Nobel de la paix 2011 et présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf a défendu la loi incriminant l’homosexualité.

Sirleaf, première femme présidente d’un Etat africain en 2006 et réélue en 2011, a déclaré à The Guardian:

«Il y a certaines valeurs traditionnelles dans notre société que nous souhaiterions préserver».

Blair, en visite au Liberia en tant que fondateur de l’Africa Governance Initative (AGI), une œuvre de bienfaisance visant à renforcer la gouvernance africaine, semblait gêné et a refusé tout commentaire sur les remarques de Sirleaf, rapporte The Independant.

Premier ministre britannique pendant dix ans, Tony Blair s’était fait le grand défenseur des homosexuels, notamment en soutenant la loi pour les partenariats civils et en supprimant celles interdisant l’homosexualité dans les forces armées. Converti au catholicisme, il avait même appelé le pape à revoir son opinion sur l’homosexualité.

La législation du Liberia considère la sodomie comme un délit punissable d’un an de prison. Et si, selon le dernier rapport du département américain des droits de l’homme, il n’y a pas eu de récentes condamnations, des activistes anti-homosexuels encouragent au durcissement du code pénal.

Ainsi, s’il est modifié, il pourrait rendre coupable d’un crime de second degré tout homme ou femme, qui aurait «séduit, encouragé, ou aidé une personne du même sexe à se livrer à des activités sexuelles» ou «suscité chez une personne de même sexe à avoir des relations sexuelles».

La peine pourrait aller jusqu’à cinq ans de prison.

Le deuxième projet de loi, ébauché par Jewel Howard Taylor, l’ex-femme de l’ancien président Charles Taylor, punirait le mariage homosexuel de 10 ans d’emprisonnement.

Elle a déclaré que «l’homosexualité est une infraction criminelle. C’est non-africain. Nous considérons que c’est un problème dans notre société. Nous considérons la déviance sexuelle comme un comportement criminel. Nous voulons juste renforcer nos lois. Ceci n’est pas une atteinte aux homosexuels», rapporte The Guardian.

Le débat sur les droits des homosexuels a éclaté au Libéria après que la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton ait déclaré en décembre que l’aide financière américaine tendrait à la promotion de la protection des droits des homosexuels. L’acquisition de ces fonds serait liée à l’application de ces droits.

Et si jusqu’à présent les homosexuels vivaient en secret mais ne craignaient généralement pas pour leur vie, depuis cette annonce d’Hillary Clinton les journaux du Liberia ont publié des articles décrivant l’homosexualité comme une «profanation», une «injure» et une «abomination».

«Si [Sirleaf] tente de dépénaliser les lois relatives à l’homosexualité ce serait un véritable suicide» a déclaré Tiawan S Gongloe, ancien conseiller général, précise The Guardian.

«Sans un gouvernement majoritaire, Sirleaf a besoin du soutien des autres députés pour traiter des autres affaires telles que la corruption, l’exploitation des ressources naturelles du pays et le chômage qui touche les jeunes» a-t-il ajouté.

Le mois dernier, il y a eu au moins six attaques homophobes dans la capitale Monrovia.

«Depuis les six derniers mois, nous avons constaté une recrudescence inquiétante des propos anti-homosexuels, une intolérance et des attaques contre les personnes qui luttent pour les droits des Liberiens homosexuels», rapporte Corine Dufka, chercheuse pour Human Rights Watch dans l’ouest de l’Afrique.

L’homosexualité est interdite dans 37 pays africains. En Ouganda, une loi restreint la liberté pour l’homosexualité bien qu’elle ne contienne plus la peine capitale. Dix femmes ont été récemment arrêtées au Cameroun et accusées d’être homosexuelles, tandis qu’au Nigeria l’homosexualité est punissable de 14 ans d’emprisonnement.

Lu sur The Independent

vendredi 16 mars 2012

Appel de l’ONU pour le respect des droits des enfants

Appel de l’ONU pour le respect des droits des enfants

  • Vendredi, 16 Mars 2012 08:30

(Agence Ecofin) - Quand on analyse la situation des enfants dans le monde, le constat est édifiant : sur les 2,2 milliards d’enfants de moins de 18 ans (un tiers de la population mondiale), 1 milliard sont privés d’un service essentiel à leur survie et à leur développement. Plus de 2 millions d’enfants de moins de 15 ans vivent avec le VIH dans le monde et 215 millions d’enfants exercent un travail. Enfin 101 millions d’enfants ne vont pas à l’école primaire tandis que 51 millions ne sont pas reconnus à la naissance.

Moteur de croissance et de développement, les entreprises ont un rôle majeur à jouer dans l’épanouissement et le respect des droits fondamentaux des enfants.

Face à ces constats, l’UNICEF, le Pacte mondial des Nations Unies et l’ONG Save the Children ont lancé en juin 2010 le processus d’élaboration de Principes visant à déterminer toutes les actions à mener par les entreprises pour respecter et soutenir les droits de l’enfant. A l’issue de cette grande consultation mondiale, avec la participation de plus de 600 parties (entreprises, représentants de la société civile et des enfants), ils viennent de publier « Droits de l’enfant et principes régissant les entreprises ».

Ces principes stipulent que l’entreprise doit :

  • Faire face à sa responsabilité de respect des droits de l’enfant et s’engager à défendre les droits humains de l’enfant
  • Contribuer à l’élimination du travail des enfants, y compris dans toutes les activités de l’entreprise et ses partenariats commerciaux
  • Donner un travail décent à tout jeune travailleur, parent et tuteur
  • Assurer la protection et la sécurité des enfants dans toutes les activités et les établissements de l’entreprise
  • Garantir la sécurité des produits et services, et chercher à défendre les droits de l’enfant à travers eux
  • Choisir un marketing et de la publicité qui respecte et défend les droits de l’enfant
  • Respecter les droits de l’enfant par la défense de l’environnement dans l’achat et l’utilisation de terrains
  • Respecter et défendre les droits de l’enfant par les dispositifs de sécurité
  • Contribuer à protéger les enfants qui subissent les situations d’urgence
  • Renforcer les efforts de la collectivité et du gouvernement pour protéger et faire appliquer les droits de l’enfant

Le harcèlement sexuel, la onzième plaie d'Égypte

16/03/2012 à 11h:49 Par Tony Gamal Gabriel
La révolution du 25 janvier avait redonné espoir aux Égyptiennes. La révolution du 25 janvier avait redonné espoir aux Égyptiennes. © AFP

Commentaires désobligeants, attouchements, exhibitionnisme... En Égypte, le harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes est depuis longtemps monnaie courante. La révolution n'y a rien changé.

« Un homme à moto s'est approché et m'a agrippée par-derrière. Je lui ai hurlé dessus alors qu'il s'éloignait. Une dizaine de personnes étaient présentes dans la rue, personne n'a réagi. » Ce témoignage n'a rien d'un incident isolé. Des dizaines de faits similaires sont quotidiennement rapportés sur le site de HarassMap, une initiative recensant les cas de harcèlement sexuel en Égypte. Depuis le lancement du site, en décembre 2010, près de 700 agressions ont été listées.

Dans le pays le plus peuplé du monde arabe, le harcèlement sexuel est depuis des années un véritable fléau. Cela va des commentaires désobligeants aux attouchements inappropriés, en passant par l'exhibitionnisme et les invitations sexuelles. En 2008, une étude du Centre égyptien pour les droits de la femme révélait que 83 % des femmes interrogées ont été harcelées sexuellement ; 46 % ont affirmé subir ce harcèlement de manière quotidienne, 91 % dans des lieux publics. Quant aux hommes, ils sont 63 % à admettre avoir déjà pratiqué le harcèlement.

--> Lire aussi : Au Maroc, le suicide d'Amina Al Filali suscite un débat national sur le viol et le droit des femmes

Longtemps considéré comme tabou, le sujet est aujourd'hui abordé plus librement. Mais si des organisations de la société civile ont rédigé plusieurs projets de loi visant à pénaliser le harcèlement, rien de concret n'a été entrepris par les autorités. Pour beaucoup, ce sont les difficultés économiques et sociales - qui repoussent l'âge moyen auquel les hommes se marient (29 ans) - conjuguées à des normes sociales prohibant les relations sexuelles hors mariage qui ont contribué au développement du phénomène. « Les gens subissent des pressions très importantes. Et dans une société qui ne permet pas à ses citoyens d'exprimer leurs frustrations, les opprimés reproduisent sur de plus faibles qu'eux ce qu'ils subissent », explique Rebecca Chiao, cofondatrice et directrice de HarassMap.

Fanatisme

Mais l'argument socio­économique ne suffit pas à expliquer l'ampleur du phénomène. « Le harcèlement a lieu partout, dans les quartiers pauvres comme dans les quartiers riches. Ceux qui le pratiquent sont autant des hommes que des jeunes garçons, mariés ou célibataires, riches ou pauvres », précise Racha Hassan, chercheuse spécialisée dans les droits de la femme et l'un des auteurs de l'étude du centre égyptien. « La société égyptienne est devenue une société machiste et patriarcale.

Certains l'utilisent comme une arme politique pour briser la détermination des militantes.

Quand une fille se fait harceler, c'est elle que l'on blâme, et non l'agresseur », déplore-t-elle. C'est pour cela que les victimes portent rarement plainte. Pour la chercheuse, ce glissement s'est amorcé avec la propagation d'« un discours religieux extrémiste qui fait de la femme un objet inférieur à l'homme que l'on traite avec mépris ».

Hordes

La révolution du 25 janvier avait redonné espoir. « Durant dix-huit jours, les gens étaient surpris, ils nous appelaient pour nous dire qu'il n'y avait pas d'agression, qu'ils se sentaient en sécurité », se souvient Rebecca Chiao. Mais après la chute de Hosni Moubarak, le phénomène est reparti de plus belle. Dans certains cas, le harcèlement est utilisé comme une arme politique pour briser la détermination des militantes égyptiennes. C'est ce qu'a découvert à ses dépens la journaliste égypto-américaine Mona Eltahawy, brutalement interpellée le 23 novembre 2011 par les forces de l'ordre durant un mouvement de protestation et violentée dans les locaux même du ministère de l'Intérieur.

Mais les manifestations sont aussi particulièrement propices aux agressions sexuelles. Lors du premier anniversaire de la révolution, le 25 janvier 2012, plusieurs femmes ont affronté des hordes de jeunes hommes qui tentaient de les déshabiller. Un incident qui rappelle les cas de harcèlement généralisé qu'a connus la capitale égyptienne en 2006 et en 2008 après le mois de ramadan. Et qui montre que le pays attend encore sa révolution des moeurs.

Lu sur Jeune Afrique

Maroc - Le pays où le viol est déguisé en mariage

l'auteur


L’article 475 du Code pénal marocain permet au violeur d’une femme mineure d’épouser sa victime pour échapper à sa peine. Les violeurs se voient proposer par les juges d’épouser leurs victimes, au lieu de purger leur peine d’emprisonnement de cinq ans maximum et d’être ainsi exemptés de toutes sanctions.

Cette loi stipule que tout homme ayant enlevé ou séduit une fille mineure peut être acquitté s’il l’épouse avec le consentement de son tuteur légal. La législation marocaine ne reconnaît pas par ailleurs le viol conjugal.

Amina F., une jeune fille de 16 ans habitant la ville de Larache (Nord du Maroc) ne l’a pas supporté.

«La lycéenne qui a été contrainte de se marier à un membre de sa famille qui l’a violée alors qu’elle n’avait pas encore 15 ans s’est donnée la mort après avoir ingurgité une forte dose de poison», relate Febrayer.

D’après le quotidien «Al Massae», «la jeune fille a décidé d’avaler un poison pour rat au domicile de sa belle famille, désespérée par les mauvais traitements dont elle était victime de la part de son mari, ainsi qu’en raison du rejet de son propre père».

«Elle n’a pu trouver aucun soutien auprès de sa propre famille, ni auprès des autorités», précise Febrayer

«Pour éviter la «hchouma», le déshonneur, la famille de la victime et la famille du violeur se sont entendues sur un mariage pour que l’affaire ne s’ébruite pas. La jeune fille a subi dès lors des maltraitances de sa belle-famille et de son époux» peut-on lire sur Afriquinfos.

L’annonce du suicide a enflammé les réseaux sociaux et fait réagir nombre d’associations féministes qui se mobilisent depuis des années pour faire abolir cet article, sans succès.

Quelques jours avant le suicide d’Amina F., dans un communiqué publié à l’occasion du 8 mars, journée internationale de la femme, le Mouvement Alternatif pour les libertés individuelles (MALI) s’insurgeait de cet état de fait.

«L’appareil judiciaire marocain, ses magistrats, ainsi que le législateur, voient la femme victime de viol comme une "anomalie sociale" qu’il convient de "racheter" par le mariage. La sauvegarde de l’hypocrisie sociale est donc plus importante aux yeux du législateur que le crime en soi».

Pour ce mouvement, l’Etat n’est ni plus ni moins «complice des violeurs» car il légalise leur crime.

Cette histoire n’est malheureusement pas un cas isolé au Maroc. «Elles vivent avec leur violeur pour échapper à l’opprobre de la société», titrait récemment La Vie Eco qui rapporte le cas de jeunes femmes contraintes de se marier avec leurs agresseurs.

Lu sur Febrayer

Cameroun - Le bébé volé, une victime du trafic d'enfants?

l'auteur

L’affaire défraie la chronique au Cameroun depuis maintenant 6 mois et tient l’opinion publique en haleine.

Cela fait 217 jours que Vanessa Tchatchou, une jeune Camerounaise de 17 ans, n’a plus revu son bébé. Dans les heures qui ont suivi l’accouchement le 20 aout 2011, la petite fille a disparu de l’hôpital de Yaoundé, pourtant réputé pour être sécurisé.

Une magistrate avait alors été soupçonnée du vol d'un nourrisson mais elle affirmait l’avoir adoptée en toute légalité, raconte le quotidien Mutations.

Embarrassant au plus haut point les autorités, l’affaire s’est politisée. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakari, avait organisé une conférence de presse le mois dernier.

Selon le gouvernement, c’est un couple qui aurait kidnappé le nouveau-né et en raison de l’état de santé fragile du nourrisson, celui-ci serait mort et enterré par le couple.

Le directeur général de l’hôpital a été limogé, un nouveau a été nommé.

Une thèse à laquelle ne peut croire ni la famille ni un grand nombre de Camerounais.

Les tests ADN effectués sur le bébé de la magistrate n’ont révélé aucun lien de maternité avec Vanessa. Tandis que ceux réalisés sur le bébé décédé ne pouvaient, selon le procureur de la République, donner des résultats probants vu l’état de décomposition avancée de l’enfant.

La jeune femme est aujourd'hui persuadée d’être victime d’un trafic de bébés organisé avec la complicité du personnel hospitalier et de hautes personnalités.

Pour maintenir la pression, Vanessa était restée depuis le mois d’août sur son lit d’hôpital et ne voulait en sortir tant que son nourrisson ne lui serait pas remis. Mais elle a été expulsée de force dans la soirée du 12 mars par la police camerounaise, explique le quotidien Mutations.

Son avocat affirme qu’elle a été traînée à même le sol, reconduite de force, légèrement blessée à son domicile, avant d’être amenée dans une clinique en état de choc, rapporte RFI.

Selon le porte-parole du gouvernement, sa présence troublait le bon fonctionnement de l’hôpital, et c’est «par compassion que l’administration a toléré jusque-là son sit-in».

Pour ceux qui la soutiennent, arrêter la lutte, «ce serait cautionner le trafic d’enfants au Cameroun».

«La lutte doit continuer, car Paul Biya, s’il veut montrer sa détermination à faire éclater la vérité, doit faire interpeller la magistrate soupçonnée. Si elle ne l’est pas pour vol du bébé de Vanessa Tchatchou, elle doit l’être au moins pour faux et usage de faux. Car elle a illégalement obtenu l’adoption d’un enfant», rapporte le Messager.

Beaucoup de zones d’ombre perdurent dans cette affaire et aujourd’hui une certaine paranoïa règnerait dans les hôpitaux camerounais, car selon la rumeur qui court, le personnel de santé participerait à un tel trafic.

Beaucoup reste à faire par le chef de l’Etat s’il veut démontrer qu’au-delà de la pression internationale, il veut véritablement y mettre un terme.

Un rapport publié par l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun est accablant.

«Le Cameroun serait un pays d’origine, de transit et de destination pour les enfants victimes de la traite à des fins de travail forcé» note le rapport.

Lu sur Le Messager, RFI, Mutations, Cameroun Tribune


15.03.2012

Maroc : le suicide d'Amina Al Filali suscite un débat national sur le viol et le droit des femmes

16/03/2012 à 09h:37 Par Jeune Afrique

Hamida Al Filali brandit le portrait de sa soeur lors d'une manifestation à Larache, le 15 mars. Hamida Al Filali brandit le portrait de sa soeur lors d'une manifestation à Larache, le 15 mars. © AFP

Le suicide d'Amina Al Filali, une jeune Marocaine forcée d'épouser son violeur, a suscité un profond émoi au Maroc. Médias, blogosphère, politiques... La journée de jeudi a été marquée par un débat d'une ampleur sans précédent sur le viol et la place de la femme dans la société.

À l'heure du Printemps arabe et des réseaux sociaux, il est des faits de société qui ne peuvent plus passer inaperçus. La nouvelle du suicide d'une marocaine de 16 ans, Amina Al Filali, qui voulait échapper au mariage avec son violeur a ainsi provoqué jeudi un débat national d'une ampleur sans précédent au Maroc. Face à l'émotion suscitée par le drame, le gouvernement a même consacré la plus grande partie de sa réunion hebdomadaire à une affaire qui, - au-delà de l'aspect humain - porte également préjudice à l'image du Maroc à l'étranger.

« Cette fille a été violée deux fois, la dernière quand elle a été mariée », a indiqué Mustapha El Khelfi, le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication. « Il faut étudier d'une manière approfondie cette situation avec la possibilité d'aggraver les peines dans le cadre d'une réforme de l'article [475 du code pénal, NDLR]. Nous ne pouvons pas ignorer ce drame », a-t-il ajouté.

Mort aux rats

Le ministre faisait référence à l'article du code pénal qui permet à un violeur d'épouser sa victime pour échapper à des peines pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison ferme. Ce fut le cas de Amina Al Filali, qui s'est suicidée samedi dans sa ville de Larache, près de Tanger (nord), en absorbant de la mort aux rats, après avoir été contrainte d'épouser l'homme qui l'avait violée quand elle avait 15 ans.

Au Maroc, l'ampleur du phénomène du viol est difficile à cerner car les statistiques dans ce domaine sont quasiment absentes. Le tabou concernant ce type d'agression, la difficulté pour les victimes de porter plainte et les arrangements familiaux fréquents – d'un côté pour laver le déshonneur du viol et, de l'autre, pour échapper à la prison - ont en quelque sorte rendu ce drame presque indicible dans la sphère publique. Le geste désespéré de Amina Al Filali le fait apparaître dans toute sa cruelle réalité, provoquant un électrochoc dans le pays.

Le drame intervient en outre alors que le gouvernement de l'islamiste Abdelilah Benkirane ne compte qu'une seule femme, qui détient en outre le portefeuille de la Solidarité, de la Femme et de Famille, Bassima Hakkaoui. Sur la chaîne de télévision publique 2M, qui consacrait jeudi la quasi totalité de son journal de la mi-journée à l'affaire, celle-ci a reconnu un « vrai problème » et préconisé un « débat pour réformer cette loi ».

"Un cri de la société"

« C'est un cri de la société » a lancé, toujours sur la chaîne publique, Nouzha Skalli, qui occupait le même ministère dans le précédent gouvernement. « La loi considère la mineure violée comme une criminelle bien qu'elle soit victime de la violence », a-t-elle fustigé, regrettant « l'absence de protection en faveur des mineurs. (...) Il faut réformer le code pénal afin de l'adapter à la nouvelle Constitution qui interdit la violence contre les femmes et assure l'égalité des sexes », a-t-elle ajouté. En 2011 au Maroc, une femme sur six avouait avoir été recemment l'objet de violences.

Cette fois, la blogosphère et les médias se sont emparés de l'affaire. Intitulée « Nous sommes tous Amina Al Filali », une pétition pour l'abrogation de « l'article criminel » a été mis en ligne sur Facebook. « Au delà de l'aspect législatif, c'est une affaire de mœurs, de perception de la femme-objet qui perdure, du manque d'éducation à proprement parler et d'éducation sexuelle notamment », estime le quotidien francophone L'Économiste. Mais le Maroc n'est pas le seul pays du monde ni du Maghreb dans cette situation. La Tunisie et l'Algérie notamment, sont sujets aux mêmes pratiques.

(Avec AFP)

samedi 10 mars 2012

Pacte Mondial et ONU FEMMES : l’autonomisation des femmes favorise la croissance


Nicole Kidman, très engagée pour la cause de l’UNIFEM Nicole Kidman, très engagée pour la cause de l’UNIFEM

  • Mercredi, 07 Mars 2012 09:59

(Agence Ecofin) - Comme chaque année, la journée du 8 mars sera consacrée à la femme. Pour marquer l’événement, les actions des administrations et des entreprises en Afrique se limitent parfois à la distribution des pagnes.

N’est-il pas temps pour les décideurs, cadres et dirigeants d’amorcer une réelle réflexion sur la place des femmes dans leur business model. Il s’agit de nouvelles opportunités de business et de croissance économique. L’ONU Femmes et le Pacte Mondial des Nations Unies en sont convaincus. C’est la raison pour laquelle ils sont à l’initiative de « Principes d’autonomisation des femmes : pour l’entreprise aussi, l’égalité est une bonne affaire ».

Il s’agit d’une adaptation des Calvert Women’s Principles®. Les Principes de Calvert pour les femmes ont été élaborés en partenariat avec l’UNIFEM et lancés en 2004 en tant que premier code de conduite des entreprises exclusivement centré sur l’autonomisation et la promotion des femmes et l’investissement dans celles-ci au niveau mondial.

Les Principes d’autonomisation des femmes sont le fruit d’un processus de consultation multipartite international lancé en mars 2009. La 4th Annual Equality Means Business Event a d’ailleurs eu lieu le 6 mars 2012 sur le thème « l’égalité des sexes pour les entreprises durables »

Les 7 principes d’autonomisation des femmes sont :

  • Avoir une direction favorable à l’égalité des sexes au plus haut niveau des entreprises.
  • Traiter tous les hommes et les femmes de manière équitable au travail – respecter et appuyer les droits humains et la non-discrimination.
  • Garantir la santé, la sécurité et le bien-être des travailleurs des deux sexes.
  • Promouvoir l’éducation, la formation et le développement professionnel des femmes.
  • Mettre en œuvre des pratiques permettant d’autonomiser les femmes au niveau du développement des entreprises, de la chaîne logistique et du marketing.
  • Promouvoir l’égalité grâce à des initiatives communautaires et à la mobilisation.
  • Mesurer et faire rapport publiquement sur les progrès réalisés en faveur de l’égalité des sexes.

D’après The gender dividend: Making the business case for investing in women une étude publiée par Deloitte l’année dernière, investir sur les femmes peut produire un important « dividende genre » résultat d’une montée en puissance des consommatrices, qui contrôlent déjà environ 20000 milliards de dollars des dépenses de la consommation totale à l’échelle mondiale et influencent jusqu’à 80 % des décisions d’achat. Dans un rapport publié en 2010, The Business of Empowering Women McKinsey & Company démontrent pourquoi et comment le secteur privé peut intensifier son engagement en faveur de l’autonomisation économique des femmes dans les pays en développement et les marchés émergents.

8 mars : Louisa Mojela, LA femme!



  • Jeudi, 08 Mars 2012 10:27

(Agence Ecofin) - C’est sous le thème « L’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’éradication de la pauvreté et de la faim, le développement et les défis actuels » qu’on célèbre cette année la journée internationale de la femme. Louisa Mojela a fait de l’amélioration des conditions de vie des Noires en général et de l’émancipation des femmes sud-africaines en particulier le combat de sa vie. Mais pour réaliser son rêve de petite fille « voir chaque femme africaine debout, digne et libre » Louisa Mojela a choisi l’option économique et particulièrement le social business.

Elle est PDG et co-fondatrice, avec trois associées, de Wiphold (Women Investment Portfolio Holdings) une société d'investissement par et pour les femmes noires.

Avec un investissement de départ en 1994 de 100000 dollars, son capital est aujourd’hui de 200 millions dollars. Détenue à hauteur de 50 % par les Noirs et à 70 % par les femmes, Wiphold compte plus de 250000 bénéficiaires. C’est également la première entreprise créée et managée par les femmes, cotée à la Bourse de Johannesburg.

Mais c’est l’année dernière que Louisa Mojela a réalisé l’une de ses importantes transactions. Il s’agit de l’acquisition de 20 % de la filière minière de Sasol, mastodonte pétrochimique sud-africain également leader mondial de la transformation du charbon et du gaz en hydrocarbures liquides. La joint-venture s’appelle Ixia Coal, une nouvelle entreprise minière, dont les investisseurs sont Wiphold, Mining Women Investissement et Louisa Mojela. Comme l’explique souvent cette dernière « Je m'assure que les profits réalisés sont satisfaisants pour les actionnaires, mais il s'agit aussi de faire du business responsable ». Ainsi plus de 5000 femmes issues des trois provinces où Sasol Mining exploite les puits, ont été réunies dans Mining Women Investissement, après avoir bénéficié d’une formation assurée par les équipes de Louisa Mojela.

Au terme de ce processus, une transaction de 1,8 milliard de dollars sera remboursée sur les bénéfices générés par la Sasol Mining. Ce qui permettra à ses actionnaires d’en tirer profit.

Ce dynamisme de Louisa Mojela, depuis 1944, n’est pas passé inaperçu. En 2000, elle a été sélectionnée comme l'une des 40 femmes de différents continents pour « The Leading Women Entrepreneur of the World ». En 2008, Louisa Mojela a été reconnue comme l'une des femmes les plus influentes d'Afrique du Sud. En mai 2009, elle a été lauréate du prix de l’entrepreneur africain délivré par la Banque africaine de développement. En Janvier 2010 Louisa Mojela a reçu le prix de « The Builders of the African Economy Award ».

Elle siège également au conseil d’administration de plusieurs entreprises : Distell, Sun International, ABB SA, Sasol Mining et Life Healthcare Group Holding (Pty) Ltd…

« Quand on permet à un homme de se hisser au sein d'une société, on élève un individu. Quand on permet à une femme de jouer un véritable rôle, on élève une nation entière. » Proverbe africain.

Mais il est illusoire pour les femmes de compter sur les hommes pour l’accessibilité aux postes de pouvoir et encore moins à la direction des entreprises. Comme Louisa Mojela, il faut aller le chercher et son parcours peut servir de modèle. Ce serait le meilleur moyen de contredire un autre proverbe « derrière chaque grand homme, se cache une grande femme ».

vendredi 9 mars 2012

RD CONGO: La journée internationale de la femme sous les pleurs des viols au Sud Kivu

08/03/2012

source: podcastjournal.net

Six femmes violées en moins d’une semaine; la cité de Sange au Sud Kivu vit une recrudescence sans précédent des violences sexuelles pour laquelle l’armée loyaliste est pointée du doigt.


A la veille de la célébration de la journée internationale de la femme, des centaines de femmes de Sange en territoire d’Uvira (Sud-Kivu) dénoncent le viol de six des leurs en l’espace d’une semaine par des hommes armés non identifiés.
Elles ont fait savoir leurs ras-le-bol, mardi 6 mars, à l’occasion de la réunion préparatoire de la journée internationale de la femme célébrée le 8 mars de chaque année.
Ces femmes tirent sur la sonnette d’alarme tenant compte du fait que le nombre de femmes violées en une semaine ait dépassé celui des femmes violées tout au long de l’année 2011. En effet, quatre femmes avaient été violées cette année.
La représentante des femmes de Sange a appelé les militaires à renforcer la sécurité et à mener des enquêtes pour dénicher les coupables de ces actes ignobles.
Pendant qu’aucune autorité militaire ne veut parler de cette question, l’administrateur du territoire d’Uvira Singa Zebedé annonce la mise sur pied d’une commission d’enquête pour élucider cette recrudescence des violences sexuelles dans son territoire.

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