vendredi 10 février 2012

Intéresser les Africaines à la science

Selon l’Unesco, « l’intégration et la participation active des femmes dans la science est essentielle pour les efforts entrepris dans le domaine de l’allègement de la pauvreté. Le fait d’encourager les femmes à participer à la science permettrait de les autonomiser et d’améliorer les perspectives économiques ». Dans de nombreux pays, il est pourtant rare de trouver des femmes engagées dans des professions scientifiques. Toujours selon l’Unesco 27% des chercheurs en science dans le monde sont des femmes. L’Afrique est la lanterne rouge, sur 118 pays étudiés, le Guinée avec 5,8% détient le plus faible taux de femmes scientifiques Seuls le Lesotho et le Cap vert dépassent la parité, avec respectivement 55,7% et 52,3%.

Une chercheuse dans un université kényane

Dans une série d’articles sur le genre et la science, le réseau indépendant Science et développement (SciDev) basé à Londres a tenté de comprendre pourquoi les femmes sont à la traîne dans ce domaine et cherche des solutions pour y remédier.

Les femmes sont sous représentées en science notamment dans les pays d’Afrique sub saharienne. Cette sous représentation dans les domaines scientifiques proviendrait largement de la faible participation des femmes à l’enseignement tertiaire et aux programmes du second cycle les plus avancés. La pauvreté est « la cause principale de l’inégalité de l’accès à l’enseignement secondaire. Ce qui limite à son tour l’accès des jeunes filles aux études supérieures dans toutes les filières », précise SciDev qui rappelle que deux tiers des adultes illettrés dans le monde sont des femmes. A cela s’ajoutent des obstacles culturels, les idées reçues et les stéréotypes sexistes ont la vie dure. Les garçons reçoivent une éducation pour devenir le gagne pain de leur famille en revanche les filles sont supposées devenir des ménagères accomplies, de bonnes épouses et de bonnes mères. Quand une fille parvient à franchir tous les obstacles et obtient un diplôme universitaire, elle devra faire face à d’autres difficultés telles que la discrimination à l’embauche et au salaire, ainsi qu’une moindre reconnaissance de son travail.

« Il faut donc rapidement prendre des mesures concrètes pour corriger le déséquilibre », estime Naledi Pandor. La ministre sud africaine des Sciences et Technologies constate que « la politique visant à encourager les femmes diplômées en Afrique du Sud a fait ses preuves ». En 1995, il y avait plus de diplômés hommes en 2008, la tendance s’est inversée. Dans leur majorité cependant les jeunes sud africaines comme celles d’autres pays d’Afrique ne s’engagent pas volontiers dans les filières scientifiques. Il faut donc les y attirer. Un des moyens est de leur offrir un tutorat pour leur permettre de comprendre que la science est une profession dans laquelle elles peuvent réussir et les encourager à se lancer dans ces études.

Une politique volontariste est indispensable. Les programmes scientifiques sont la plupart du temps obsolètes. Ils doivent être modernisés et intégrés aux études au niveau du primaire pour ouvrir les élèves aux sciences dès leur plus jeune âge. Il faut enfin inciter les filles à se lancer dans des carrières scientifiques en leur offrant des bourses.

A ce titre l’expérience du Kenya est à méditer. Ce pays d’Afrique de l’Est en appelle aux femmes pour l’aider à résoudre les problèmes de développement. Le Conseil national pour la Science et la Technologie a en effet doublé ses subventions (un million de dollars US pour 2012 soit 760 000 euros) pour accorder des bourses aux femmes chercheuses dans les domaines de l’agriculture, la santé, l’énergie et la technologie. Le but de cette entreprise qui entre dans sa troisième année d’existence est d’aider les femmes à innover. 46 projets à ce jour ont été retenus. Parmi ceux-ci, le projet d’Esther Matu de l’Institut de recherche médicale du Kenya qui développe des savons et produits d’hygiène corporels anti microbiens fabriqués à partir d’extraits de plantes utilisées contre les infections de la peau et buccales. Ou encore Mary Abukusta Onyango, aujourd’hui professeur à l’université Jomo Kenyetta de Nairobi, qui a reçu en 2011 le prix de l’Union africaine pour ses recherches sur la production de légumes traditionnels dans les pays en développement. Son exemple, espère-t-elle, influencera de nouvelles générations de jeunes femmes scientifiques.

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