dimanche 29 janvier 2012

Mae C. Jemison ou l'histoire d'une jeune scientifique qui a tutoyé les étoiles..



Un parcours cosmique pour une citoyenne vraiment géniale




Le 17 oct. 1956 naissait Mae.C. Jemison à Decatur au nord de Birmingam en Alabama. Si l'on se rappelle que l'Alabama était à ce moment là, le bastion des états, les plus réfractaires à l'intégration des noirs dans les écoles réservées aux blancs, l'acquisition pour la petite Mae d'un savoir de haut niveau n'a vraisemblablement pas été sans d'innombrables embûches...D'ailleurs Mae raconte, elle même, l'anecdote "savoureuse" glanée à son école maternelle: " Qu'aimerais-tu faire quand tu seras plus grande?" lui demanda un jour sa maîtresse. "Une scientifique" dit sans hésitation Mae."Tu veux dire une nourrice" lui rétorqua cette maîtresse, qui, au lieu de l'encourager, voulait lui rappeler ainsi, le rôle principal de la femme noire à l'époque.

En effet, il serait peut être utile de rappeler à ceux qui l'ignorent ou qui ont la mémoire courte, que si déjà le 21 Dec.1956, la Cour Suprême des USA avait aboli la ségrégation, le 3 Sep 1957, le Gouverneur Orval Faubus faisait pourtant interdire, à Little Rock, par la Garde Nationale, l'entrée d'un lycée blanc à 9 étudiants noirs, si bien que le Président des USA, dû envoyer les troupes fédérales pour faire respecter l'ordre, mais cependant, les autorités locales péfèrérent fermer les écoles plutôt que d'admettre l'entrée d'étudiants noirs dans leurs écoles blanches et les échauffourées continueront longtemps encore, alors que le grand leader noir Martin Luther King, était plusieurs fois arrêté puis relaché.

Alors que Mae allait avoir 6 ans, elle a pu se souvenir de l'incroyable affaire de l'étudiant noir James Meredith, qui s'est vu refuser l'entrée de L'Université du Mississipi, malgré le fait que, la Cour Suprême, le 10 Sept 1962, l'y autorisait formellement. Le Gouverneur Roos Barnet vint alors en personne lui en interdire l'accès et après une nuit d' émeute, 15 000 fédéraux seront mobilisés pour assurer la garde de Meredith et l'accompagner dans le suivi de ses cours dans cette Université. Après bien des déboires Martin Luther King recevra lui, cependant, le prix Nobel en 1964, mais il sera assassiné en 1968.

C'est donc dans ce contexte plutôt trouble que Mae poursuit ses études pour se voir décerner en 1977, sa licence d'ingénieur chimiste au Stanford University et en même temps aussi la licence de lettres en art africain et en études afro-amèricaines.

Mae aurait bien pu s'arrêter là, mais c'était bien mal la connaître ou mal préjuger de son obstination. Elle se lance alors dans des recherches sur l'art photographique, les arts plastiques et étudie les langues comme le russe, le japonais et même une langue africaine : le swahili. Puis quelques années plus tard, elle obtient son doctorat de médecine et participe à des missions humanitaires à Cuba avec l'AMSA (American Medical Student Association), puis part 1979, en voyage d'étude sur la santé en milieu rural au Kenya, puis en Thaïlande où elle s'occupe de réfugiés Cambodgiens en 1980.

Ses divers travaux d'études et actions humanitaires vont lui permettre de recevoir de nombreuses récompenses et décorations honorifiques qui auraient bien pu suffire à asseoir sa notoriété et lui offrir une bonne place dans la société. Mais pourtant, elle ne s'arrête pas là. C'est maintenant le domaine informatique en plein essor qui la passionne et la programmation des ordinateurs, l'impression de circuits et la production de disques durs, et jusqu'à la spectographie par résonnance magnétique nucléaire des scanners médicaux, n'ont plus de secrets pour elle.

En 1987 elle présente sa candidature à la NASA et en Juin 87, elle fait partie des 15 sélectionnés , parmi 2000 candidats. Elle suit alors une année d'entraînement complet et en 1988 elle reçoit la qualification d'astronaute et est chargée de réaliser et de vérifier la bonne marche des logiciels informatiques du Centre Spatial Kennedy. Maîtrisant, on le sait, le japonais, elle était toute désignée pour accomplir des expériences commandées par Tokio au cours de la mission STS-47 et le 12 Sept. 92 la navette Endeavour faisait vibrer l'air de ses 3250 tonnes de poussée (comme pourraient le faire environ 38 Boeings 747 au décollage) emportant dans ses entrailles pour une durée de 7 jours 22 h et 30 minutes, vers une gloire bien méritée, notre désormais citoyenne du Cosmos Mae C. Jemison, première astronaute noire des USA et dont le cursus universitaire et la réussite professionnelle, ne peuvent que nous interpeller et nous permettre de nous interroger sur les limites de la soif de connaissances de l'être humain.

En 1989, Mae C. Jemison est élue "femme de l'année" par Gamma-Sigma et est faite Docteur Honoris Causa de multiples Universités, et, certaines écoles même, sont baptisées de son nom.

En 1993 Mae C. Jemison quitte la Nasa , où elle aurait pu, pourtant, attendre sereinement une retraite dorée, pour mener des projets scientifiques personnels impliquant la vie de minorités et dirige alors le Jemison Group Inc à Houston au Texas , gère aussi le Jemison Institut des Technologies Avancées et anime en plus "The Earth We Share" (La terre que nous partageons), un camp scientifique international au nord de Chicago auxquels participent, gratuitement, les étudiants du monde entier afin de promouvoir le savoir chez les plus démunis et chez ceux qui n'ont pas pu avoir un accès logique et normal à la connaissance scientifique et vivre ainsi, quand cela se présente, en harmonie avec leur environnement.

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