samedi 28 janvier 2012

Dlamini-Zuma à la tête de l’Afrique ?

27 janvier 2012

Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre sud-africaine de l'Intérieur (©GCIS)

Coup d'essai ou coup de maître ? Réponse dimanche.

Dans les deux camps, on affirme être certain de l'emporter. Mais au sommet de l'Union Africaine (UA), dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, Nkosazana Dlamini-Zuma n'était pas donnée favorite face au sortant, le Gabonais Jean Ping, pour obtenir la présidence de la commission de l'organisation régionale.

En attendant le dénouement, un portrait en quelques mots-clés de celle qui a l'ambition de devenir la première femme à la tête de l'UA :

- ANC : c'est le parti de sa vie, elle le rejoint alors qu'elle n'est encore qu'étudiante, elle participe à la lutte contre l'apartheid en exil après avoir rejoint la Grande-Bretagne pour poursuivre ses études en médecine, depuis les premières élections démocratiques de 1994, elle est ministre sans discontinuer

- Zuma : elle a rencontré l'actuel président sud-africain au Swaziland, ils se sont mariés en 1982 (?), elle devient alors la troisième épouse de ce Zoulou polygame, mais divorce en 1998

- sida : ministre de la Santé de 1994 à 1999, elle est critiquée mais "est l'une des premières à alerter sur la gravité de l’épidémie, à une époque où le déni dominait chez ses pairs", elle favorise l'interdiction de fumer dans les lieux publics, et offre aux plus pauvres la gratuité des soins de base

Le nouveau siège de l'Union Africaine a été construit par les Chinois (©UA)

- présidentiable : en 2005, alors que son ex-mari vient d'être démis de ses fonctions de vice-président, elle refuse le poste, "en 2007, son nom a même circulé pour succéder à Thabo Mbeki à la présidence"

- bûcheuse : "ses succès ne sont pas surmédiatisés, mais le bilan de son action politique parle de lui-même" explique cet universitaire basé au Cap, au cours de sa décennie au ministère des Affaires étrangères (1999-2009), elle favorise la "renaissance africaine" et joue un rôle important dans les négociations sur la fin de la guerre civile au Congo (RDC), depuis 2009 à l'Intérieur, elle a remis en ordre un ministère mal géré et gangréné par la corruption

- habile : cette bureaucrate-diplomate expérimentée (62 ans) et coriace sait écouter avant de parler, elle s'appuie sur sa fine connaissance des dossiers et une approche tout en rondeur pour mieux désarmer ses adversaires

Si l'on met de côté son sale caractère, autant de qualités ne devraient que séduire les dirigeants africains.

Le plus gros défaut de Nkosazana Dlamini-Zuma ? Son pays d'origine. Malgré une campagne tous azimuts, l'Afrique du Sud risque d'être victime de son statut de grand pays, de son arrogance, d'un mauvais timing et de ses récents déboires diplomatiques.

Sébastien Hervieu

http://afriquedusud.blog.lemonde.fr/


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